Panathénées (UPV Saint Charles 2 - MSH)
Dec 11, 2024
9:00 AM10:30 AM
Collaborations interrégionales
Mélanie BROINAgropolis International, MontpellierDirectriceThomas CHANGEUXIRD, MIO, MarseilleRutger DE WITCeMEB Directeur de Recherche au CNRSMargot DENTANUniversité Paris 1 Panthéon-Sorbonne, PRODIG, Paris et MARBEC, MontpellierFlorian DROUARDAssociation Takh, Le Villaret – Hures La Parade, LozèreResponsable du suivi des translocationsSimon WOODSWORTHAgence régionale de la biodiversité - ARB OccitanieDirecteur
Description
Animation : Mélanie BROIN (Agropolis International, Montpellier)
Organisation :
• Rutger DE WIT, CNRS, Marbec Montpellier, Directeur du LabEx CeMEB
• Simon WOODSWORTH, Directeur de l’Agence régionale de la biodiversité – ARB Occitanie
Interventions :
Rutger de Wit – (CNRS & Université de Montpellier, CeMEB et MARBEC, Montpellier)
Approches interrégionales et internationales ; point de vue de l’écologue dans les sciences naturelles et son repositionnement dans un contexte multidisciplinaire
Les organismes et les écosystèmes ne reconnaissent pas les frontières administratives imposées par la société humaine. En sciences naturelles, l’écologue, pour le choix de ses objets d’étude, devra donc en principe négliger ces frontières ; c’est la géographie physique qui compte et non pas la géographie sociale ! Cependant, les écologues sont de plus en plus amenés à travailler en collaboration avec les gestionnaires des espaces naturelles et avec leurs collègues en sciences humaines et sociales, pour aborder dans un contexte multidisciplinaire l’étude des socio-écosystèmes et des territoires. Ces collaborations permettent à l’écologue de mieux répondre aux questions sociétales, mais elles impliquent aussi que pour lui les frontières administratives entrent souvent par la porte arrière. Ainsi, l’écosystème ou l’aire de distribution de la population qu’il étudie dans ce contexte est souvent tronqué. Les collaborations interrégionales et internationales sont primordiales pour pallier à cette contrainte. D’ailleurs, ces collaborations sont aussi souvent très enrichissantes au niveaux conceptuels et cognitifs et avec un effort collectif de publication et de communication au niveau international, permettent l’écologie de rayonner mondialement.
Thomas Changeux (IRD, MIO, Marseille)
Vers un réseau international pour répondre à la problématique des Sargasses
Depuis 2011, les côtes des Antilles sont envahies de Sargasses (Sargassum sp. C.Agardh, 1820) qui viennent régulièrement s’échouer sur les plages. Les masses considérables de ces macro algues brunes provoquent de nombreuses nuisances. Leur décomposition dégage de l’hydrogène sulfuré dans des proportions telles que, dans certaines zones, les métaux sont corrodés et la santé publique est mise en péril. Une recherche alliant, télédétection, courantologie, biologie et modélisation a permis de reconstituer le scénario d’apparition d’une nouvelle zone de prolifération. Située dans l’atlantique tropical nord, bien plus au sud que la mer des Sargasses historique, cette « grande ceinture de Sargasses » alimente des échouages depuis l’Afrique, à l’Est, jusqu’au Mexique à l’Ouest. Une mobilisation entre les collectivités d'outre-mer, Martinique et Guadeloupe, et au niveau international, mêlant recherche et gestion a permis de mieux cerner la prévision, les impacts ainsi que les moyens de valorisation et de lutte contre les Sargasses.
Margot Dentan – (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, PRODIG Paris et MARBEC, Montpellier)
Suivre le crabe bleu américain en Méditerranée française : une coproduction interrégionale d’information environnementale
Depuis la fin des années 2010, une espèce originaire des côtes américaines et probablement introduite par le biais des eaux de ballast des navires prolifère en Méditerranée française : le crabe bleu américain (Callinectes sapidus Rathbun, 1896). Les pêcheurs « petits métiers », qui voient leurs filets détruits par le crabe bleu et leurs captures piscicoles diminuer, se retrouvent au-devant d’une lutte socio-environnementale pour assurer leurs moyens de subsistance. C’est à partir d’alertes lancées localement par les pêcheurs qu’un réseau de suivi et de gestion s’est progressivement structuré à l’échelle des trois régions (Occitanie, PACA et Corse), cherchant à concilier exigences euro-méditerranéennes de gestion de la biodiversité et enjeux de résilience socio-écologiques locaux. La mise en œuvre de ce réseau interrégional passe par une certaine division géographique et sociale du travail de production d’information environnementale qui, si elle s’appuie sur un principe de collaboration, n'est pas exempte de rapports de pouvoir entre les différents acteurs.
Florian Drouard (Association Takh, Le Villaret – Hures La Parade, Lozère)
Le cheval de Przewalski entre conservation et réensauvagement : une coopération interrégionale
Déclaré disparu à l'état sauvage par l'IUCN en 1969, le cheval de Przewalski (Equus ferus przewalskii) a été préservé dans des zoos jusqu'à la création de projets visant à le réintroduire dans son aire de vie initiale : les plaines d'Asie centrale. L'association TAKH, gère une population de ces chevaux en Lozère, France, depuis 1993. Le but original de l'association était de créer le troisième site de réintroduction de l'espèce en Mongolie, en y envoyant des groupes de chevaux entrainés à la vie sauvage. Depuis la création de cette réserve mongole en 2004, le but de l'association TAKH a été de continuer à contribuer à la sauvegarde de cette espèce et de son milieu en préservant sa population et en alimentant d'autres projets à travers le monde. La réserve nationale de chasse de Boumort en Catalogne, Espagne, héberge depuis 2017 quelques chevaux de Przewalski sauvés par la Fundació Miranda. La réserve veut dédier 3000 ha à ces chevaux afin qu'ils puissent démontrer leur action contre l'embroussaillement du milieu et ainsi aider à diminuer le risque d'incendie dans la réserve. Dans cet optique, un transport de chevaux entre les deux régions est en cours de préparation. Ce projet, lie la conservation de cette espèce, en lui fournissant un nouveau milieu où vivre et se multiplier, avec la gestion d'un espace naturel qui doit faire face au changement climatique.
Simon Woodsworth (Agence Régionale de la Biodiversité – ARB Occitanie, Montpellier-Toulouse)
Coopération interrégionale dans les politiques publiques de biodiversité : d’une collaboration à une diplomatie des acteurs régionaux ?
Les États membres de l’Union européenne disposent de nombreux cadres formels de collaboration pour orienter et définir les politiques publiques de biodiversité. Néanmoins, au regard de la nécessité de coordonner et de soutenir l’action locale pour mettre en œuvre concrètement les grandes législations environnementales, le rôle des acteurs régionaux ne cesse de croître depuis plusieurs années. Les Régions et les agences régionales constituent ainsi désormais des acteurs phares de la protection de la biodiversité, les Régions ayant notamment obtenu en France le rôle de chef de file des politiques publiques de biodiversité. Dans ce contexte, la collaboration entre entités régionales s’avère être un puissant levier, autant pour traiter conjointement des problématiques qui ne connaissent pas les limites administratives que pour s’inspirer mutuellement des meilleures initiatives dans ce domaine encore récent des politiques publiques. Au-delà de la collaboration bilatérale sur des projets, la coopération tend désormais à s’étendre à une forme de diplomatie environnementale des Régions, parallèle à celle menée par les États membres, une forme de collaboration qui s’avère nécessaire pour défendre le rôle indispensable des entités régionales dans les politiques publiques de demain.
Discussion